Mise à jour — Octobre 2025 : la France dévoile ses intentions fiscales
Article initial publié en juillet 2025 — Édité et mis à jour avec les nouvelles informations le 13 octobre 2025 - Informations actualisées dans un article dédié : Projet de Loi de Finances 2026 : taxes sur les eliquides, fin de la vente en ligne et monopole des buralistes.
Alors que l’Europe travaille toujours sur une taxation harmonisée des e-liquides d'ici au 1er janvier 2028, une nouvelle étape vient d’être franchie côté France. Selon les premières fuites, le gouvernement français souhaiterait introduire dès 2026 une taxe nationale de 0,03 € / ml sur les e-liquides, indépendamment de la future directive européenne.
Cette mesure serait intégrée dans le projet de loi de finances 2026, porté par le gouvernement reconduit de Sébastien Lecornu, avec Amélie de Montchalin chargée des Comptes publics.
Concrètement :
- Un flacon de 10 ml serait taxé 0,30 €.
- Un e-liquide 50 ml prendrait 1,50 €.
- Pour un flacon 100 ml, il faudrait compter 3 €.
À ce stade, il s’agirait d’une fiscalité "minorée", bien en dessous des montants annoncés par Bruxelles (jusqu’à 0,36 € / ml pour les taux nicotinés élevés). Mais rien n’exclut que la France rehausse progressivement cette taxation pour rejoindre la ligne européenne si la directive est adoptée en l’état.
Ce que cela change pour les vapoteurs français
Même si 0,03 €/ml peut sembler faible comparé aux montants évoqués par Bruxelles, c’est la première fois que la France formalise une taxation dédiée à la vape. Cela pourrait ouvrir la voie à :
- Une fiscalité progressive (comme ce fut le cas pour le tabac).
- Une différenciation entre produits nicotinés et sans nicotine, ou au contraire une taxation uniforme, ce qui inquiète tout particulièrement les utilisateurs de bases DIY et gros formats.
- Une stratégie permettant à l’État de préparer l’opinion publique avant l’arrivée du choc fiscal européen.
Cette « petite taxe » pourrait être la porte d’entrée d’un système fiscal plus lourd, aligné sur les logiques de l’UE une fois la directive adoptée.
Et maintenant ?
- Budget 2026 : à surveiller de très près — s’il contient bien cette mesure, ce sera la première taxe française directe sur les e-liquides.
- Directive européenne : toujours en suspens, certains États membres (Suède en tête) refusant l’uniformisation.
Rappel du contexte européen — L’article original (juillet 2025)
C’est officiel : la Commission européenne vient de proposer une directive visant à instaurer une taxation minimale sur tous les produits du tabac, y compris les e-liquides pour cigarette électronique d'ici le 1er janiver 2028. Une décision qui pourrait bien changer la donne pour les vapoteurs comme pour les professionnels. On vous explique tout ce qu’il faut savoir.
Une taxe sur la vape ? La Commission passe à l'action
Le 17 juillet 2025, Bruxelles a franchi un cap en publiant une directive européenne modifiant le cadre fiscal des produits du tabac. Dans le viseur : tous les produits contenant de la nicotine, y compris probablement les e-liquides en 0 mg/mL... qui n'en contiennent pas.
L’objectif affiché ? Harmoniser les fiscalités entre États membres et, surtout, adapter les règles aux évolutions du marché, notamment avec la montée en puissance de la vape.
Mais derrière cette volonté d’uniformisation se cache une mesure qui risque d’alourdir considérablement la facture pour les vapoteurs.
Combien va coûter cette nouvelle taxe sur les e-liquides ?
Selon le texte, la taxe sera calculée en fonction du taux de nicotine présent dans les e-liquides :
- Pour un eliquide avec un taux de nicotine inférieur à 15 mg/ml, il faudra compter 0.12€/ml ou 20 % du prix TTC en plus.
- Pour un eliquide avec un taux de nicotine entre 15 et 20 mg/ml, la facture sera nettement plus salée avec un supplément de 0.36€/ml ou 40 % du prix TTC
C’est le montant le plus élevé entre les deux options qui s’appliquera.
Quelques exemples :
Un flacon de 10 ml avec 20 mg/ml de nicotine pourrait donc être taxé à 3,60 € rien que pour l’accise, hors TVA et prix de base. La note s'élèvera alors à près de 10€ l'unité...
Pour un eliquide de 10 ml en 6 mg/ml, comptez un supplément de 1.2 € soit environ 6 à 7€ TTC.
Et mauvaise nouvelle : cette taxe pourrait s'appliquer aussi aux e-liquides sans nicotine.
Ainsi les eliquides sans nicotine en 50 ml verront leur prix augmenter de 6€, 12€ pour un flacon de 100 ml, 24€ pour un flacon de 200 ml.
Vous l'aurez compris, le DIY grande contenance pourrait être le grand perdant de l'équation des taxes proposées par l'Europe. Avec ces calculs, une base neutre sans nicotine de 1 litre contenant exclusivement du propylène glycol et de la glycérine végétale pourrait voir son prix augmenter de 120€...
Qui sont les grands gagnants de cette directive ?
Paradoxalement, les systèmes à pods fermés et puffs réutilisables, très encadrés mais souvent peu durables, seront les moins impactés par la future taxation.
Ces dispositifs, contenant en général 2 ml maximum de liquide, verront leur prix augmenter très légèrement. À l’inverse, les flacons classiques de 10 ml, les e-liquides en 50/100 ml, les bases DIY… tous seront touchés de plein fouet.
Résultat : les formats les plus économiques, réutilisables et écologiques sont découragés, au profit de produits jetables ou semi-jetables générant bien plus de déchets.
Une aberration écologique et sanitaire, qui va à contre-courant de tous les messages prônant la réduction des déchets et la responsabilisation du consommateur.
Une mesure aux conséquences inquiétantes pour le sevrage tabagique
Ce projet de directive passe mal chez les professionnels de santé et les acteurs de la réduction des risques. De nombreuses études ont démontré que la cigarette électronique est aujourd’hui l’un des outils les plus efficaces pour arrêter de fumer. Taxer ses produits, surtout ceux les plus nicotinés, revient à pénaliser les fumeurs les plus dépendants, en pleine tentative de sevrage.
Pour rappel, le sous-dosage en nicotine est l’une des premières causes d’échec dans l’arrêt du tabac. En augmentant le prix des e-liquides fortement dosés, la directive risque de pousser les fumeurs à opter pour des produits moins efficaces, à vapoter plus pour ressentir la satiété nicotinique… voire à reprendre la cigarette classique.
Quand cette taxe entrera-t-elle en vigueur ?
Pas tout de suite. Voici les étapes à venir :
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Le Conseil de l’Union européenne doit adopter la directive à l’unanimité des 27 États membres.
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Le Parlement européen sera consulté, mais son avis ne sera pas contraignant.
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Chaque pays devra ensuite transposer la directive dans sa législation nationale.
Si tout se passe comme prévu, la taxe entrera en vigueur au plus tard le 1er janvier 2028.
Une adoption encore incertaine au niveau européen
Malgré l’officialisation de la directive, rien n’est joué. Certains pays, comme la Suède, ont déjà affiché leur opposition au texte. Sur les réseaux sociaux, la ministre suédoise des Finances a déclaré vouloir laisser à chaque pays la liberté de taxer selon la dangerosité réelle des produits. Une approche différenciée qui reconnaît la moindre nocivité de la cigarette électronique par rapport au tabac traditionnel.
D'autres États membres pourraient suivre cette ligne, ce qui compromettrait l’unanimité requise pour l’adoption du texte.
Que dit-on du côté des professionnels de la vape ?
Du côté des distributeurs et des fabricants, c’est l’inquiétude qui domine. Pour Le Vapoteur Discount, cette directive pourrait impacter directement le budget des vapoteurs qui, pour beaucoup, ont déjà opté pour la vape comme alternative plus saine et plus économique à la cigarette.
Taxer les e-liquides, c’est prendre le risque de rendre le tabac à nouveau plus compétitif, surtout dans les pays où les cigarettes sont déjà fortement imposées.
Et maintenant, on fait quoi ?
La directive n’est pas encore en vigueur, mais la vigilance est de mise. Pour les vapoteurs, comme pour les professionnels de la vape, les mois à venir seront décisifs.
Carole